Une maladie qui sauva des juifs
Je dédie ce petit coup de coeur aux médecins et infirmières du monde,
qui comme le personnel soignant de l’hôpital Fatebenefratelli jadis,
prennent des risques aux dépens de leur propre vie, pour sauver celle des autres.
Rome, 23 mars 2020, 16ème jour de confinement lié à la pandémie du coronavirus.
Je publie sur Facebook (sur mon profil personnel) un petit texte rappelant que la pénibilité de notre confinement est plus que dérisoire, en comparaison au confinement qu’à connu Anne Franck.
Il y a entre les juifs et nous deux points communs, que pourtant tout oppose :
Rome 2020: Un virus nous oblige à rester confinés chez nous, pour notre survie, avec tout notre confort habituel.
Rome 1943: En pleine guerre les juifs furent confinés également pour survivre, tantôt dans de sordides cachettes, tantôt dans un hôpital, à cause d’un virus : le « syndrome K ».
Dans les 2 cas, il est question de confinement et de virus.
En 1943 les docteurs Adriano Ossicini et le doyen Giovanni Borromeo de l’hôpital Fatebenefratelli sur l’île Tiberine à Rome, découvrent le virus « Morbo di K », un virus extrêmement contagieux et mortel, faisant des ravages dans la ville éternelle. Ce virus est si expansif, que tous les malades sont confinés dans un seul et même hôpital, celui de l’île Tibérine, dans lequel un service fut spécialement créé pour contenir l’infection.
Seulement voilà, le virus « Morbo di K » n’a jamais existé.
C’est ainsi que de faux dossiers médicaux furent créés, sur lesquels furent bien précisés que la maladie était très contagieuse !
Ces médecins eurent l’idée d’inventer un virus, afin de protéger les juifs lorsque les nazis étaient en train de s’emparer de la ville.
Lorsque les nazis arrivèrent dans l’hôpital, Borromeo (qui parlait très bien l’allemand) les mis en garde en leur donnant de nombreux détails sur les effets dévastateurs et la dangerosité de la maladie. Si les allemands passent cette porte, ils se retrouveront face à des patients en phase terminale.
Les symptômes de ce virus étaient les suivants: convulsion dans un premier temps, puis une dégénérescence du cerveau qui va entrainer une phase de démence (légère, modérée ou sévère selon les patients). Enfin, les membres se paralysent et en phase finale, les malades meurent par asphyxie.
Devant la menace les allemands renoncent à perquisitionner l’hôpital. Le plan a fonctionné !
Les symptômes, de même que le nom « syndrome de K » faisaient penser au « Bacille de Koch » (souvent abrégé BK) plus connu sous le nom de tuberculose. Personne ne s’est donc douté que cette lettre « K » n’était pas une référence à Koch, mais à Kappler (officier SS et commandant des services secrets et de la Gestapo de Rome) et à Kesselring (général allemand). Kappler et Kesselring étaient des dangers pour Rome, et la maladie étant un danger pour les hommes.
C’est donc avec humour, mais aussi et surtout beaucoup d’audace et de courage, que le nom de « syndrome K » fut choisit, car il était révélateur de la tromperie. Certains malades imaginaires resteront à l’hôpital jusqu’au la libération de la ville en juin 1944, d’autres n’y restaient que quelques jours, le temps que des moines d’un monastère proche dans le Trastevere, leur produisaient de faux documents d’identité avec des noms catholiques. Déclarés morts par l’hôpital, ils pouvaient ensuite fuir avec leur nouveaux noms ou rester en sécurité dans les couvents et monastère de la ville.
C’est avec plaisir que je vous parlerai et vous montrerai ce lieu emblématique au cours d’une visite. Il est possible de visiter l’île Tibérine en suivant le parcours intitulé « Au delà du Tibre », mais il est également possible d’effectuer une visite conférence thématique « La Rome des Juifs », incluant une petite partie du Trastevere (qui fut le premier quartier juif), l’île Tibérine et l’ancien ghetto. Pour plus de détails, n’hésitez pas à me contacter.