A l’occasion de la mort d’Auguste Rodin survenu le 17 novembre 1917,
je vous invite à redécouvrir l’artiste, par le biais d’une œuvre faisant partie
de la collection permanente des musées du Vatican: le Penseur.
Défiant les lois de la sculpture, le centre de gravité ne se trouve pas sur la masse qui le porte, mais en avant. De ce déséquilibre, né un saisissant contraste entre ce corps athlétique et ce corps qui bascule vers l’avant, penché pour mieux observer l’Enfer de Dante.
Car vous le savez sans doute, le penseur est un détail de la Porte de l’Enfer, trônant en haut du tympan, tel le Christ lors du Jugement.
Loin d’être une pièce unique, il en existe une multitude de « Penseurs » dans le monde, de toute taille et pour cause:
Contrairement à ce que l’on pense, Rodin n’est pas à proprement dit un sculpteur mais un modeleur, qui ne pratique pas lui-même la taille de la pierre. Le talent de l’artiste ne se situe pas dans la découpe du marbre, mais dans le langage corporel de ses œuvres, rendu grâce au modelé. C’est en effet en modelant l’argile que le maître fait naître la passion, la sensualité ou la force et la puissance.
C’est à partir de ces moulages, et sous son contrôle attentif, que ses sculptures vont être ensuite fondues en bronze ou sculptées dans le marbre, par de très nombreux praticiens. Citons parmi les plus célèbres Antoine Bourdelle, et Camille Claudel, qui fut aussi sa maîtresse et sa muse.
Si aujourd’hui de nombreux artistes comme Rodin délèguent à d’autres la fabrication de leur œuvre (je pense notamment à Jeff Koons), certains lui reproche à l’époque de diriger une usine commerciale, « Usine Rodin ».
Mais les critiques n’atteignent pas l’artiste, qui définit l’art, comme le faisait déjà Vinci, comme étant avant tout « una cosa mentale », c’est à dire que c’est dans l’Esprit que naisse toute forme artistique.
En procédant de la sorte, Rodin a pu produire une multitude de « Penseurs », souvent dans le but de répondre à la demande de riches collectionneurs.
Informations complémentaires:
– oeuvre réalisée par la fonderie Rudier (Paris) en 1880
– 72 x 30 x 58 cm
– 1959, don du Musée Rodin au Vatican