Un des plus beaux trompe-l’oeil de Rome !

Francesco Borromini
Un des trois grands architectes baroques actifs dans la Rome du Seicento*, aux côtés de Pierre de Cortone et du Bernin.
Audacieux et révolutionnaire, Borromini n’échappe pas à son destin,

en suscitant admirations, jalousies et critiques.
Comme tout artiste de son temps, Borromini sera employé par l’Eglise dans cette grande entreprise de reconquête des âmes, et malgré ses extravagances hors norme, il saura parfaitement répondre aux exigences de son temps.

La personnalité de Borromini est complexe. Ses œuvres arborent deux aspects. Beaucoup de ses architectures ne se présentent plus comme étant didactiques. Les rapports anthropomorphiques sont sacrifiés et l’architecture perd ses repères.

Parallèlement, Borromini mettra en application, tout en développant d’une manière extrêmement rigoureuse, une des plus grandes redécouvertes de la Renaissance: la perspective.

De 1652 à 1653 Borromini réalise à Rome une œuvre extraordinaire, dans laquelle l’art du trompe l’œil se mêle à celui de la perspective.

Ce virtuose architecte met en scène une colonnade longue de 8,82 mètres, donnant l’illusion d’une longueur de 35 mètres! Toute son œuvre est fondée sur un jeu de convergence à partir d’un point de fuite unique, correspondant à un petit marbre placé au fond de la colonnade. L’usage d’une statuette et non d’une statue grandeur nature, accentue cet effet de profondeur.

Toutefois, le caractère illusoire de cette colonnade atteint son paroxysme grâce à l’utilisation simultanée de différents procédés:

  •  Les colonnes de droite et de gauche, loin d’être parallèles, convergent vers la statuette, tout comme le sol s’élève légèrement, tandis que le plafond s’abaisse.
  • La hauteur des colonnes, de même que leurs diamètres diminuent à mesure qu’elles se rapprochent du point de fuite. Il en va de même pour l’entrecolonnement.
  • Plus notre œil s’éloigne, plus les motifs décoratifs du sol se réduisent et plus leurs formes trapézoïdales s’intensifie.

Borromini fut accusé par ses contemporains d’être la « Honte de notre siècle ». Cette infortune lui vaudra pourtant d’être imité par son plus grand rival, le Bernin. L’Escalier Royal du Vatican réalisé par ce dernier, reprendra ce même principe de diminution graduelle des différents éléments qui le compose.

* Terme désignant le XVIe siècle en architecture et littérature.